Rome ville ouverte

 

Roma città aperta -Film italien de Roberto Rossellini (1945 – 1H45)

Avec Marcello Pagliero, Aldo Fabrizi, Anna Magnani

 

SYNOPSIS: Rome, hiver 1944. Un ingénieur communiste, Giorgio Manfredi, tente d’échapper aux Allemands qui occupent la ville. Il se réfugie chez un ami dont la fiancée, Pina, le met en contact avec le curé de la paroisse Don Pietro. Mais la maîtresse de Manfredi va tous les dénoncer aux Allemands.

Le Néo-réalisme est ce mouvement italien né autour des années 1945 et qui pendant une décennie marqua, et marque encore, le cinéma mondial.
Rome ville ouverte, de Roberto Rossellini, en serait l’œuvre fondatrice.

Des réalisateurs ayant chacun leur personnalité se sont inscrits dans ce courant : De Sica (Le voleur de bicyclettes), Visconti (La Terre tremble), De Santis (Riz amer)…. Leur trait commun : un désir d’authenticité dans l’image qu’ils donnent de la société et notamment du peuple italien modeste. Au-delà d’une préoccupation esthétique, c’est, de l’aveu de Rossellini lui-même, une approche morale qui les caractérise. Le néo-réalisme naît quand le fascisme prend fin. Il rompt avec les films de propagande ou de divertissement propres à la période mussolinienne. De même, il tranche avec le torrent de produits hollywoodiens qui envahit les écrans de la péninsule au moment de la présence américaine.

Dès 1943, au milieu des affrontements entre les armées allemande et américaine, Rome se déclare « ville ouverte », comme le fit Lyon en 1940. Elle choisit ainsi une neutralité qui, en principe, évitera des combats sur son sol. Le titre, ici, est empreint d’ironie, puisque l’occupant nazi, comme on le verra, est confronté aux actions de la Résistance.

Nul n’a mieux résumé Rome ville ouverte que Klaus Mann, écrivain de langue allemande et soldat américain, dans sa présentation de l’avant-première du film, le 28 août 1945, quelques mois à peine après les évènements narrés par le scénario.
« Le film que vous allez voir est basé sur des événements qui ont réellement eu lieu. Tandis que les troupes alliées avançaient en combattant vers la capitale, une autre bataille de Rome se déroulait à l’intérieur de la « ville ouverte » elle-même. Ceux qui avaient fait face à l’ennemi nazi-fasciste sur les plages d’Anzio ou autour de Cassino ne se doutaient guère alors que cette autre guerre devait se faire dans l’obscurité et le secret. Mais plus tard, après la libération de la capitale, certains d’entre nous entrèrent en contact avec d’anciens membres du mouvement de Résistance et apprirent l’histoire de la lutte clandestine de Rome. Le film, ROME OPEN CITY, possède l’exactitude et la spontanéité de ce genre de récit de première main. C’est un rapport factuel, joué par des personnes qui ont été témoins du drame réel, ou y ont participé. Quiconque a vécu à Rome trouvera des visages familiers parmi les personnages qui apparaissent sur l’écran…Ce sont vraiment les gens simples de Rome : nous reconnaissons leurs traits, leurs gestes, leurs voix. »

Deux remarques pour conclure :

– Le scénario se proclame « original ». Néanmoins, il est la juxtaposition d’épisodes inspirés par la réalité : alliance de fait entre catholiques et communistes dans la Résistance romaine, prêtre fusillé, poursuite d’un communiste sur les toits de l’ambassade d’Espagne, torture des résistants capturés…

– L’esthétique néo-réaliste naissante n’empêche pas Rossellini d’engager, à grands prix, à côté des nombreux bénévoles ou non-professionnels, deux comédiens très connus : Anna Magnani et Aldo Fabrizi, ce dernier étant un acteur de théâtre réputé pour ses rôles comiques.

Guy Reynaud

ATTENTION! Ce film ne sera projeté au cinéma Les 400 Coups qu’une seule fois, le jeudi 6 janvier à 18h15 (avec une présentation de Guy Reynaud)