De Pascal Bonitzer (France – 1h 31min – Comédie dramatique-
Avec: Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi
L’avis d’un membre du groupe programmation de l’Autre Cinéma:
Voilà déjà un film qui nous plonge dans un univers méconnu. Rien que pour ça il en devient intéressant. Si on ajoute des comédiens crédibles, un scénario fort bien troussé où cette petite histoire résonne avec la grande (avec un H majuscule) et une mise en scène élégante et discrète, on obtient ce que peut offrir le cinéma Français lorsqu’il respecte le spectateur en le prenant par la main et pas pour un idiot.
Bien sûr Bonitzer est nettement plus à l’aise sur la grande partie du film qui nous fait évoluer dans « l’élite » des marchands d’art. Ce monde décrit sans complaisance et même de façon parfois clinique. Ces gens de la haute ne s’encombrent pas de convenances lorsqu’il s’agit de business, c’est Droit au but ! Quitte à être d’une brutalité mufle. En tout cas c’est fort instructif. Il est moins à l’aise quand il essaie de dépeindre le petit peuple de Mulhouse et cela donne lieu à certaines scènes maladroites voire gênantes. Au final il se rattrape notamment avec une belle séquence finale où les deux mondes finissent par se rencontrer au moyen d’un hommage rendu aux taiseux, aux invisibles, aux « petits français » qui peuvent avoir une rigueur morale exemplaire. Et tout le film se résout fort habilement dans les toutes dernières scènes du film. (Rodolphe DONATI)
Faits réels et intrigue captivante : « Le Tableau volé », notre film coup de cœur (Philippe Rouyer – Psychologie Magazine)
Avec sa coscénariste Iliana Lolic, Pascal Bonitzer a enquêté dans le milieu du marché de l’art pour raconter cette incroyable histoire d’un authentique tableau de maître (Egon Schiele), retrouvé dans la maison d’un modeste ouvrier de Mulhouse.
Le scénario s’inspire de faits réels, à partir desquels les auteurs ont construit une intrigue captivante sur notre rapport à la vérité et à l’argent. Car si le commissaire-priseur, brillamment incarné par Alex Lutz, sait apprécier une œuvre d’art, il pense surtout à ce que sa vente peut lui rapporter. S’ensuit un chassé-croisé avec arnaques et coups de bluff.
Un final inattendu
Au cœur de ces manœuvres, deux portraits de femmes redessinent les rapports de force et de séduction. L’ex du protagoniste (Léa Drucker, magistrale), dont le charme et la perspicacité seront déterminants, et la stagiaire incarnée par la piquante Louise Chevillotte, piégée par ses propres mensonges.
L’abattage de l’ensemble du casting (avec mention au chanteur Alain Chamfort dans un second rôle inspiré), les retournements d’alliance et de situation, comme le rythme enlevé de la mise en scène nous permettent de nous amuser jusqu’au final inattendu.
Pascal Bonitzer, un scénariste qui soigne ses castings
Ancien critique de cinéma, il a d’abord été scénariste pour Ruiz, Téchiné et Rivette, avant de se lancer dans la mise en scène à partir de 1996 (Encore). Il a réalisé des comédies (Rien sur Robert, 1999), mais aussi une adaptation d’Agatha Christie (Le Grand Alibi, 2008) et s’est essayé au fantastique (Les Envoûtés , 2019). Avant le monde de l’art, il avait exploré la finance dans Tout de suite maintenant (2016). De Luchini à Miou-Miou, en passant par Bacri et Valeria Bruni Tedeschi, il a toujours soigné ses castings.