de Luigi COMENCINI
Italie, 1966, 1h45, titre original : « Incompreso- Vita col figlio », d’après le roman de Florence Montgomery.
Avec : Anthony Quayle (le consul), Stefano Colagrande(Andrea) et Simone Giannozzi (Milo).
L’histoire : Le consul du Royaume-Uni à Florence a perdu son épouse. Il vit avec ses 2 fils : l’aîné Andrea âgé de 10 ans environ et son jeune frère Milo dans la grande maison familiale, gardés par une nurse, compte tenu des nombreuses occupations du père. Celui-ci a fait promettre à Andrea de garder le secret du décès de la maman pour ne pas choquer Milo qui croit qu’elle est retenue à Londres.
Analyse : C’est un mélodrame certes, mais surtout un drame bouleversant , un film sur l’enfance, puissant et émouvant, un portrait d’enfant en tension qui « sublime le pathos »(Télérama). Le père maladroit et peu disponible, est muré dans le chagrin, peu habitué à communiquer avec des enfants. Il accable de reproches Andrea et le traite durement en retournant son mal être sur cet enfant qu’on a transformé malgré lui. On suit Andréa, chargé du poids du malheur et du mutisme, lourde « mission » qui tourne au calvaire… Le petit frère est insouciant, facétieux, parfois tyrannique, et son père le surprotège tandis que la nurse semble insensible à la situation psychologique… Andrea doit apprendre seul à faire le deuil et grandir, c’est-à-dire abandonner tout ce qui l’a bercé, se construire dans le silence et le mensonge qui peut le faire passer pour l’Incompris aux yeux de son entourage ! On tourne autour de la mort, le mot est prononcé mais pas accepté, seulement évoqué par des objets comme le tableau du portrait au mur ou la chaise vide .
La réalisation : les plans sont soignés, proches de la peinture avec une dimension très graphique, et la mise en scène est très sobre, très maîtrisée. Elle permet de suivre Andrea comme son ombre pour mieux entrer en lui, connaître ses pensées en dépit du silence…Le jeu d’Andrea est très prenant, c’est un rôle marquant, même si ce fut le seul de ce jeune acteur.
Conclusion : Considéré à sa sortie comme un mélodrame larmoyant, il fut hué au Festival de Cannes en 1967 où on déplora son « cabotinage » et sa « niaiserie » !!! C’est plutôt un film beau et grave sur la perte de l’enfance et de tout ce qui la constitue – la liberté, l’insouciance – face aux contraintes et aux malentendus qui viennent habiller le passage du temps…C’est aussi un film sur les problèmes de communication entre les individus et notamment entre les générations.
A voir (et revoir) absolument…
Jean Noël BERLIOUX