Documentaire de Boris Svartman, 1h11, sortie en France le 23-11-2021.
Ce film est un bel hommage à la résistance de quelques habitants de Guanzou, un village de Chine situé sur une île fluviale près de Canton, et menacé par l’urbanisation galopante de la mégapole pour laquelle un projet de « parc écologique » a été programmé par les autorités à la place de leurs maisons. Ainsi, 2000 personnes ont été expropriées en 2008, mais certains habitants sont revenus chez eux, malgré les contraintes (plus d’eau ou d’électricité) et les menaces des autorités de la région.
Boris Svartman a filmé pendant 7 ans ces villageois confrontés aux monstres des chantiers environnants et de la nature qui reprend ses droits dans le village détruit. Il a pris le temps de les approcher et, parlant leur langue, de les connaître pour façonner de belles rencontres car chaque interview permet de construire un véritable personnage qui participe à cette lutte collective…
Une vraie tendresse émane des scènes qui suivent le quotidien des villageois (repas, fête, travail,…) dont on capte les regards, les réactions en même temps que leurs propos.
Le film est très humaniste car il offre une proximité avec chaque villageois pour aborder à travers une échelle réduite un sujet national de la Chine contemporaine : spéculation immobilière, autoritarisme du gouvernement et violence sociale. Ajoutons que plus de 5 millions de chinois ont été expropriés dans des conditions comparables dans ce pays, et le film est donc une loupe de ce drame très généralisé !
Du point de vue cinématographique, les images sont soignées, autant pour montrer les restes du village que le nouvel urbanisme proche. C’est donc un film intéressant, de grande qualité, qu’il est urgent de découvrir… Cela en vaut la peine !!!
Jean-Noël Berlioux.