Daniel de Sydney Lumet
U.S.A – Drame – 2h 10 – sortie : 1984 – Reprise après restauration : juin 2023 – scénario :Edgar Lawrence Doctorow – Avec Timothy Hutton, Ellen Barkin, Mandy Patinkin
Dans le cadre de Ciné-collection, après 12 hommes en colère projeté le mois dernier, voici un autre film de Sydney Lumet moins connu, sorti en 1984 et restauré en 2023
Synopsis : au milieu des années 50, Rochelle et Paul, communistes américains, ont été accusés d’espionnage au profit de l’URSS. Quinze ans plus tard, leur fille Susan devient militante politique. Son frère Daniel cherche à oublier. Mais, suite à un événement tragique, il doit se replonger dans l’histoire familiale…
Daniel est l’adaptation du Livre de Daniel, de l’écrivain Edgar Lawrence Doctorow, qui signe lui-même le scénario, subtilement feuilleté : trois strates de récits se mélangent, le passé, le présent et la voix off de Daniel, intemporelle.
Sorti en 1983, dans l’Amérique réactionnaire et toujours anticommuniste de Ronald Reagan, ce qui est en soi un acte de résistance de la part de Sidney Lumet, Daniel fut un échec critique et public et demeure, pour ces raisons, injustement méconnu. Il reste pourtant l’un des films préférés de son auteur. Lumet reviendra quelques années plus tard sur les relations conflictuelles entre parents militants et enfants sacrifiés dans son chef-d’œuvre, À bout de course (1988).
Daniel est l’histoire d’un jeune homme qui revient à la vie, écrit le réalisateur américain sidney Lumet (1924-2011) dans Faire un film son livre somme. L’histoire d’un jeune homme qui s’extirpe de sa propre tombe. »
Inspiré de la vie des militants communistes et citoyens américains Julius et Ethel Rosenberg, exécutés en 1953 pour espionnage au profit de l’URSS, le film suit la quête de leur fils aîné, Daniel, qui essaie de trouver un sens à la mort de ses parents.
Leur culpabilité et la parodie de procès, dans l’Amérique maccarthyste, qui mènera Paul et Rochelle Isaacson (leurs doubles de fiction) sur la chaise électrique intéressent peu le réalisateur de Douze Hommes en colère. En bon humaniste, Lumet n’a qu’une question en tête : « Qui paie le prix des passions et des engagements des parents ? » Et une seule réponse, douloureuse : « Leurs enfants, qui n’ont choisi ni ces passions ni ces engagements. »
Pour servir de guide au spectateur dans la profusion de flash-back et faire cohabiter sur l’écran le monde des enfants (Daniel a une petite sœur) et celui des parents, Sidney Lumet décide, avec le directeur de la photographie Andrzej Bartkowiak, d’appliquer un traitement visuel différent pour les deux époques. Un filtre ambré estampille les années 1950. Une couleur plus froide, plus réaliste, est réservée aux années 1960. Mais, au fur et à mesure que le film avance et que Daniel « revient à la vie », qu’il fait la paix avec son lourd héritage familial, les couleurs se fondent… « C’est ça, le style », dirait Lumet.