Buena Vista Social Club

Documentaire de Wim Wenders Cuba, Allemagne, France  – 1999 – 1h45

La restauration des films dès une vingtaine d’années après leur sortie donne aux spectateurs l’occasion de voir/revoir des œuvres marquantes. A La Havane existait une salle où jouait un groupe de musiciens à qui l’on donna plus tard le même nom, le Buena Vista Social Club. Après la révolution, il ferma et les musiciens oubliés reprirent le cours de vies très modestes. Les gens du quartier se souviennent de soirées de fêtes exceptionnelles.

Leur re-découverte et la renaissance du Buena Vista Social Club sont dues à Ry Cooder, guitariste américain et compositeur de musiques de films de Wim Wenders dont Paris Texas ; après un premier enregistrement avec Ibrahim Ferrer qui avait été un succès international, il décide son ami Wim Wenders à venir, A Cuba, ils retrouvent des musiciens et chanteurs de 80 à 90 ans tout étonnés de pouvoir renouer avec la musique. Leur talent est intact, leur goût de vivre aussi. Wenders devait rester à La Havane 15 jours … il passe un an à tourner ce documentaire – le premier dans une œuvre plutôt fictionnelle – plus tard, il y eut Pina. Ce furent 50 heures de rush, avec deux caméras numériques dont une légère qui permet les tournages de rue et donne à l’ensemble une véritable spontanéité.

C’est ainsi que Buena Vista Social Club alterne avec fluidité les séquences : interviews où se racontent des parcours de vie transformés par la musique ; l’un est arraché à son gagne-pain de cireur de chaussures, l’autre a toujours ses doigts de pianiste virtuose ; le montage passe de séquences du concert qu’ils donnent à Amsterdam à des moments d’enregistrements en studio. Sans oublier les solos de répétitions, magiques, comme lorsque Ruben Gonzalès joue dans une grande salle municipale : de jeunes ballerines qui s’y entraînent viennent l’entourer et il les fait danser.

Le film culmine avec le concert au Carnegie Hall : ils en avaient rêvé ; et voilà ces vieux Cubains qui déambulent, émerveillés , dans les rues de New-York ; et une « standing ovation » du public inoubliable.

Discrètement, en début et fin de Buena Vista Social Club, sont évoqués l’écart entre la petite île communiste et son grand voisin (affiche, au retour à La Havane, d’un lieu « Karl Marx »), mais aussi, comme transcendant le politique, une inscription de rue « Creemos en los suenos » « nous croyons aux songes ».

Difficile de transmettre la magie de cette musique issue des chants « campesinos », boléros, guajira, salsa, rumba : un rythme exceptionnel – le fils de Ry Cooder dit que La Havane est pour ainsi dire La Mecque des batteurs-, des mélodies qu’on a envie de chanter et danser. Pierre Vavasseur dans Le Monde a écrit que c’était « un film qui rend heureux » Il avait et a toujours raison !

Ibrahim Ferrer, Ruben Gonzalès Compay Secundo, Pio Leyda, Orlando Lopez, Manuel Galban, Eliades Ochoa, Julienne Oviedo Sanchez… nous entraînent avec générosité dans la joie de leur musique.

 

Evelyne Rogniat

Deux séances au cinéma Les 400 Coups: le vendredi 19 (18h15) et samedi 20 novembre (14h30).

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