Métiers de cinéma rares, pittoresques ou peu connus (6) Acteurs félins

Des metteurs en scène sont connus pour avoir aimé les chats et les avoir filmés: Pagnol, Varda et bien sûr Chris Marker ( Chats perchésChat écoutant de la musique ).

Mais les chats aiment-ils le cinéma? A en juger par leur présence à l’écran, on dirait que oui. Ils arrivent certes derrière les chevaux, les bisons et les chiens, mais bien devant les poissons rouges et les pythons (*). Ils peuvent être gentils ou méchants, caressants ou fuyants, fiers ou humbles, sauvages ou soumis. Ces facettes multiples de leur personnalité leur ont ouvert la porte des castings. Ils peuvent être légion, et sous des traits humanoïdes comme dans le grotesque Aristochats. Ils peuvent avoir un grand rôle ou être de simples figurants: mendiants du petit matin ( la Peau doucela Nuit américaine ). Chasseurs de rats (?), ils sont trois dans l‘Atalante , l’un, dans un gag mémorable, interrompt une partie de dames ” juste au moment où j’allais gagner” s’indigne le père Jules.

Mais bien souvent, ils sont le reflet de leur possesseur, qu’il s’agisse d’un homme, lorsqu’ils se laissent caresser par l’affreux Blofeld, le très inquiétant colonel Kurtz, le redoutable Don Vito Corleone…ou d’une femme, écho des vers de Baudelaire:

Lorsque mes doigts caressent à loisir  Ta tête et ton dos élastique,  Et que ma main s’enivre du plaisir   De palper ton corps électrique, Je vois ma femme en esprit

Pomponnette, dans la Femme du Boulanger est le double de l’épouse infidèle qui revient au foyer après une aventure. ” Garce, salope, ordure “, crie Raimu à la chatte, bien incapable d’adresser ses insultes à Ginette Leclerc.  Dans le Chat de Granier-Deferre, le dénommé Greffier est certes un mâle mais il a pris la place d’une femme, ce qui lui en coûtera.

Est-ce à dire qu’il n’y a place au cinéma que pour des chats pervers ou tragiques? Non, bien sûr. Terminons sur une note optimiste avec le chat d’Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany’s ( Diamants sur canapé ), petit compagnon tellement semblable à sa maitresse, rejeté puis retrouvé en même temps que l’homme qui va peut-être assurer son bonheur, dans la dernière séquence du film, une des plus belles scènes finales du cinéma.

*Par une association d’idées, il me revient que Python est curieusement le nom d’un petit chien qui parcourt le très grand film d’un très grand réalisateur. Qui? Le lecteur perspicace aura droit à la considération de l’auteur de ces lignes.

Guy Reynaud