Les noms de salles de cinéma , comme les prénoms des nouveaux-nés , sont soumis à une mode.
Si vous ne l’avez pas déjà jeté , consultez le numéro 3653 de la revue Télérama avec la liste des cinémas qui ont participé à son Festival . Édifiant . Vous verrez qu’aujourd’hui la référence à des titres de films ou à des noms d’acteurs y est fréquente .
Villefranche n’échappe pas à cette tendance avec son célèbre 400 Coups . Au passage , notez l’embarras de ce vocable : au 400 coups ? aux 400 coups ? Quand nous choisîmes ce titre en 1991 le dilemme ne nous avait pas effleurés. Quant à l’autre cinéma local , typiquement , il n’a pas de nom , juste des initiales .
Il n’en allait pas ainsi il y a quelques décennies où les titres emphatiques dominaient . En Calade , c’étaient le Royal , l’Eden , le Rex …., le Vox faisant bande à part , comme dirait Godard , en faisant probablement référence à l’avènement du parlant. Lyon , dans les années 50 , comptait une trentaine de salles au titre pompeux : le Gloria , le Splendide , l’Alhambra ….Toutes aujourd’hui défuntes,
Comment expliquer cette mutation ? Serait-ce que le cinéma aujourd’hui a renoncé à se proclamer magique , grandiose , majestueux , pour se réfugier dans le commémoratif ?
Il est vrai que notre époque commémore beaucoup . Nous voici donc avec des noms de comédiens ou auteurs généralement décédés : Gérard Philipe à Vénissieux , Jean Marais au Vésinet , Jeanne Moreau à Clamart, Jean Vigo à Gennevilliers . Ou avec ces rappels de titres de films chers aux cinéphiles : Jour de Fête à Gisors , La Strada à Decazeville…. ou les Quatre Cents Coups (au pluriel…).
A suivre…..
Guy Reynaud