Film de Aleem Khan. Royaume Uni – 2020 – 1H29 VO en anglais, français, arabe et urdu (Pakistan).
Synopsis: Situé dans la ville côtière de Douvres au sud de l’Angleterre, Mary Hussain se retrouve veuve après le décès inattendu de son mari. Un jour après l’enterrement, elle découvre qu’il cachait un secret à seulement 34 km de l’autre côté de la Manche, à Calais.
Une histoire banale, déjà mainte fois racontée au cinéma de “double vie” découverte fortuitement et entrainant des bouleversements dans des vies bien rangées.
Il s’agit ici du premier long métrage d’un jeune réalisateur britannique d’origine pakistanaise. Aleem Khan tisse un film d’une grande délicatesse, à l’image de Mary, tendre et dévouée. Il s’est inspiré du couple mixte de ses parents et d’un drame qui les a frappés au début de leur mariage, abordé de manière discrète mais essentiel au récit. De son propre parcours, il a insufflé à son héroïne la difficulté à vivre entre deux cultures, la sienne d’origine et celle adoptée à son mariage avec Ahmed.
Ce qui fait la force et l’intérêt de ce film, c’est l’interprétation des actrices. Celle pleine de retenue de Joanna Scanlan (24 ans de carrière et 45 films tournés mais inconnue de ce côté du Channel !) qui incarne Mary. L’autre personnage féminin, une française vivant à Calais, est incarné par Nathalie Richard, vue chez Rivette ou Assayas, trop rare sur nos écrans et qui joue superbement le rôle, pas facile, de la “rivale” de Mary.
Bien sûr, on a affaire à un premier film avec quelques défauts (une petite incursion dans le fantastique pas toujours convaincante, une musique parfois trop présente…). Mais, la mise en scène d’Aleem Khan est solide, poétique, attentive aux détails. Les différents lieux sont saisis avec beaucoup de justesse et la Manche s’avère au final être un fil conducteur fort convaincant (le défunt était pilote de ferry entre Douvres et Calais).
Bref, un beau film à ne pas manquer (d’autant que le cinéma britannique de qualité se fait de plus en plus rare, est-ce l’effet Brexit ?!).
Découvrez la bande annonce.
Olivier Toureau
