Olga

Film d’Elie Grappe, France/Suisse/Ukraine, 2021, 1h25, avec l’actrice et gymnaste Anasasia Budiashkina.

 

En Ukraine, la révolution gronde et la mère d’Olga, journaliste qui couvre les événements de la place Maïdan, se retrouve menacée par la répression violente ordonnée par le président Ianoukovytch… Sa fille Olga, gymnaste de haut niveau, quitte le pays par mesure de sécurité et arrive dans une famille d’accueil en Suisse. Sa vraie maison sera le centre d’entraînement, avec ses barres parallèles et asymétriques qui cadrent son obsession : être la meilleure, intégrer l’équipe nationale suisse et participer au championnat d’Europe. Mais comment convoiter les médailles quand son pays est à feu et à sang ?

 

Le comité de sélection des Rencontres du cinéma francophone en Beaujolais l’avait proposé parmi les 8 films en compétition. En fin de festival, il a été plébiscité par le jury et a obtenu le prix du public. Il a également été primé lors de la semaine de la Critique, à Cannes en 2021, en recevant le prix de la SACD. C’est le premier long métrage d’Elie Grappe, jeune cinéaste prometteur, né à Lyon en 1994.

Pour moi aussi, le film fut un coup de cœur des Rencontres, en raison de son sujet passionnant et peu souvent traité au cinéma puisque le film nous parle des tensions politiques en Ukraine et de sport de haut niveau. Mais aussi en raison de sa forme, on reçoit comme un coup de poing les images de la montée des violences sur la place Maïden et l’impuissance d’Olga qui les reçoit, elle aussi mais d’autant plus violemment qu’elle est en exil, loin de sa mère pour qui elle s’inquiète.

Cette histoire individuelle qui va croiser l’Histoire de l’Ukraine nous est racontée à travers un montage ciselé, tout en tensions, digne d’un thriller ou d’un film d’espionnage. L’alternance maîtrisée des images d’archives, présentant le contexte politique et les images de fiction qui racontent la vie d’Olga témoignent de la rigueur du travail d’Elie Grappe.

Le portrait du personnage principal, à la fois déterminé et fragile, interprété par une authentique gymnaste choisie par le cinéaste, fait également de ce film un superbe récit sur l’adolescence et du chemin sinueux vers l’âge adulte. On y parle d’affirmation de soi, d’efforts, de solitude, du rapport à ses parents et de la difficulté à trouver sa place dans le monde.

Le son est extrêmement travaillé de la part de ce réalisateur, rien d’étonnant puisqu’il a étudié la musique au conservatoire national de Lyon pendant dix ans. Le parallèle qui nous est proposé entre le son des combats entre manifestants et force de l’ordre et le son des corps sur les agrès de la salle d’entraînement est particulièrement bluffant.

Enfin, les séances d’entraînement de gymnastique sont extrêmement bien filmées et font de cette discipline un personnage à part entière dans le film.

Pour toutes ces raisons, je vous invite à ne pas rater les prochaines séances d’Olga au 400 coups, du 29 décembre au 2 janvier 2022.

Michèle Baud

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