The quiet girl

DE COLM BAIREAD (Irlande / 2023 / 1h36)
Catherine Clinch, Carrie Crowley, Andrew Bennett

Synopsis: Irlande, 1981. Cáit, une jeune fille effacée et négligée par sa famille, est envoyée vivre auprès de parents éloignés pendant l’été. Mais dans cette maison en apparence sans secret, où elle trouve l’épanouissement et l’affection, Cáit découvre une vérité douloureuse…

The Quiet Girl”, portrait subtil et délicat d’une fillette irlandaise

Nommé aux Oscars 2023, “The Quiet Girl” augure le meilleur du réalisateur Colm Bairéad, par la beauté et la délicatesse de son portrait de jeune fille.
Catherine Clinch dans "The Quiet Girl" de Colm Bairéad (2023). (ASC Distribution)

Adapté du roman Les Trois lumières de Claire Keegan (Sabine Wespieser Éditeur), The Quiet Girl fleure bon l’Irlande verdoyante et les embruns côtiers. L’île encadre l’histoire bucolique d’une fillette négligée par ses parents et souffre-douleur à l’école. Elle, d’une pureté transparente, laisse tomber la pluie sous son regard azuré. Le réalisateur irlandais Colm Bairéad, documentariste multirécompensé, signe une œuvre romanesque et délicate.

Ode à l’Irlande

En Irlande en 1981, Cáit, 8 ans, est laissée pour compte par des parents alcooliques qu’elle cadre plus qu’ils ne le font, alors que sa vie scolaire est un désastre. Envoyée pour les vacances chez sa grand-mère maternelle, où elle est choyée, elle s’épanouit et se fait des camarades. Mais la maison recèle ses ombres et Cáit va percer un douloureux secret.

Le sens de l’image est manifeste chez Colm Bairéad, que l’on découvre avec The Quiet Girl (La Fille calme). Un même goût émane du récit, sensible, rythmé et poétique. L’Irlande côtière s’y prête, et le réalisateur filme une ode à son île en même temps qu’un drame de l’enfance. Catherine Clinch, sa jeune actrice de tous les plans, s’impose par sa silhouette diaphane, la pureté de son regard et l’expressivité de ses traits. Elle est le rôle.

Kes

La cruauté domine les sentiments. Plus qu’une victime, Cáit est une martyre à laquelle sera octroyée une “parenthèse enchantée” de quelques jours, au milieu des tâches ménagères, des mauvais résultats scolaires, et des conséquences de sa découverte. Colm Bairéad ne noircit pas le tableau. Au contraire, il filme un cadre merveilleux et une maison chaleureuse, tout en restant équilibré dans une expression mesurée des émotions, à l’image de sa jeune héroïne, plus observatrice que victime. C’est elle qui raconte.

The Quiet Girl fait penser à Kes (1970) de Ken Loach, sur un jeune garçon mal aimé qui se réfugie dans l’amour pour son faucon apprivoisé. Un des plus beaux films sur l’enfance. Une même sensibilité émane de Colm Bairéad, avec l’impression qu’une telle histoire, pourtant si universelle, n’arrive qu’en Irlande.

Jacky Bornet (France Télévisions  Rédaction Culture Publié