Film documentaire d’Aïssa Maïga, Les films du Losange – novembre 2021 – 1h29
Sélection Festival de Cannes – Cinéma pour le climat – Juillet 2021
au cinéma les 400 coups, du 17 novembre au 6 décembre (voir ici les horaires sur la gazette n° 382)
Marcher sur l’eau a été tourné dans le nord du Niger entre 2018 et 2020 et raconte le quotidien des habitants de Tatiste. Chaque jour, Houlaye, une jeune fille de quatorze ans, doit marcher des kilomètres pour aller puiser l’eau essentielle à la vie. Pendant la saison sèche, cette absence d’eau empêche les enfants de suivre une scolarité régulière et pousse les adultes à quitter leur famille pour parcourir une zone sahélienne peu sûre et chercher les ressources nécessaires à leur survie…
Ce film est le premier long métrage d’Aïssa Maïga, qui a déjà signé deux documentaires dont Regard noir sur la diversité dans le cinéma. Elle est davantage identifiée par le public pour ses rôles d’actrice au cinéma.
En proposant les projections d’Aya, film de Simon Coulibaly Gillard, en compétition et Marcher sur l’eau, film hors compétition d’Aïssa Maïga, le comité de sélection des Rencontres du cinéma francophone en Beaujolais nous propose deux films qui nous amènent à sortir de l’indifférence générale et à envisager concrètement les conséquences du changement climatique sur les populations africaines, qu’elles habitent sur une île en Côte d’Ivoire pour le premier film ou au Niger pour le second.
Pour le spectateur, Marcher sur l’eau peut donner l’impression d’osciller entre documentaire et fiction, l’impression est plutôt agréable. Cependant, la démarche de la réalisatrice reste résolument documentaire, même si les conditions particulières du tournage l’ont conduite, parfois, à mettre en scène les habitants de Tatiste et leur extraordinaire instituteur et à induire certaines situations. Aïssa Maïga aborde cette question du dérèglement climatique sous l’angle d’une famille dont les liens et le mode de vie vont être directement impactés par la quête de l’eau.
L’image est très belle, des couleurs vives, un cadrage maîtrisé, des plans d’ensemble dévoilant des paysages africains à « couper le souffle ». Les portraits des enfants et des femmes qui sont au cœur du documentaire sont particulièrement réussis et attachants.
La compositrice et cheffe d’orchestre Uèle Lamore signe la musique du film. Une musique qui soutient les différentes atmosphères des plans, tantôt pesante et mélancolique quand la situation semble désespérée, tantôt légère et rythmée quand l’espoir revient dans le village. On retiendra ainsi longtemps la séquence de la course endiablée des enfants sur leurs ânes quand la pluie revient.
Marcher sur l’eau est un film nécessaire qui nous engage à écouter les préoccupations des premières victimes du changement climatique, sans misérabilisme en révélant toute la dignité des habitants de ce village qui cherchent des solutions, ensemble, dans la plus grande dignité. Soutenus dans cette recherche et ce combat par l’ONG Amman Imman, les habitants de Tatiste obtiendront le forage tant attendu pour répondre à leur besoin immédiat, la question de l’eau demeurant extrêmement préoccupante, comme on le sait, sur tout ce continent.
Découvrez la bande annonce.
Pour aller plus loin sur cette question de l’eau, les films du Losange mettent à disposition un dossier pédagogique.
Michèle Baud