L’Incinérateur de cadavres.

Un titre qui évoque irrésistiblement le genre “film d’horreur”. Ce film est l’œuvre du cinéaste tchécoslovaque Juraj Herz. Réalisé en 1969, il refait surface aujourd’hui.

Herz serait-il un émule de George Romero ? Tous les ingrédients sont là. La mort omniprésente, le sadisme, la folie, le style même de l’auteur : un expressionnisme glacé. Certes, l’Incinérateur est tout cela, mais bien plus. Ce brave père de famille accomplit sa tâche macabre avec une grande conscience professionnelle dans la Tchécoslovaquie des années 30. Mais il va peu à peu sombrer dans le nazisme, obsédé par la pureté de la race, dévoyant le bouddhisme auquel il se réfère et, par l’exercice même de son métier, devenir un précurseur, sinon un inspirateur, de la méthode qu’allait utiliser le Reich pour parvenir à son idéal de nettoyage ethnique.

C’est donc bien à une fable historico-politique que nous avons affaire ici. Le réalisateur conduit son récit avec force grâce à un montage fondé sur des raccords troublants entre les séquences. Son acteur principal Rudolf Hrusinsky, peu connu chez nous bien qu’il ait incarné le brave soldat Schweik en 1957, est stupéfiant dans son incarnation d’un homme envoûté par les idéaux hitlériens.

On recommande ce film non seulement aux amateurs d’épouvante (quand même !) mais aussi aux cinéphiles et à tous ceux qu’intéressent la naissance et la séduction d’une idéologie perverse.

Guy Reynaud