Les repentis

Film de Icíar Bollaín, Espagne, 2021, 1h55, avec Blanca Portillo, Luis Tosar, Urko Olazabal…

“Dans la reconstitution de cette histoire vraie, la réalisatrice Icíar Bollaín a trouvé matière à des face-à-face d’une authentique force dramatique, soutenus par des comédiens exceptionnels, Blanca Portillo et Luis Tosar en tête. À cette qualité d’ensemble rare mais classique vient s’ajouter une forme de neutralité qui, paradoxalement, devient un atout. Aux échanges qui ont lieu, aucune signification n’est donnée, ni politique ni religieuse. Les mots ne réparent rien, n’effacent rien : ils sont précieux simplement parce qu’il est devenu possible de les dire, de les écouter. Le dialogue ne veut rien prouver, mais il prend la place de la violence, qui n’aura pas le dernier mot.

Télérama, Frédéric Strauss, le 7 novembre 2022

À partir de l’idée d’écouter l’autre et de se mettre à sa place (y compris du bourreau), la cinéaste madrilène compose un plaidoyer émouvant en faveur du dialogue. La justice restaurative, pratique dans le cadre de laquelle s’inscrivent les rencontres qu’on voit dans Les Repentis, cherche à apporter, dans la mesure du possible, une réparation aux victimes et à permettre, de l’autre côté, aux membres de l’ETA de faire un pas supplémentaire vers une réinsertion, en assumant leur responsabilité et en demandant pardon pour la douleur qu’ils ont causée : qu’ils sortent de prison repentis est un pas en avant vers une meilleure cohabitation.

Cineuropa, Alfonso Riveira, le 20 septembre 2021.

Enorme succès sur le sol espagnol, ce film trouve le ton juste pour traiter de cette délicate question du pardon et de la possibilité d’une réconciliation d’une société où le sang a coulé et coule encore. Une mise en scène discrète, un récit qui prend le temps de creuser les interrogations puis les incompréhensions que ce geste de pardon et son acceptation fait naître tant chez les proches de Maixabel Lasa – qui trouvent que cette main tendue arrive bien trop tôt – que chez les anciens camarades du terroriste – qui voient dans le regret de ses actes une trahison à la cause. Nulle course à l’épate, nulle trace de sensationnalisme, à l’image des compositions tout en retenue de ses deux remarquables interprètes principaux Blanca Portillo et Luis Tosar. Rien ne vient perturber ou plutôt tout vient nourrir la mécanique parfaitement huilée d’un récit qui conduit à un poignant monologue final sur la souffrance de l’après qui n’empêche pas la main tendue. Un plaidoyer humaniste assumé qui ne verse pour autant jamais dans des raccourcis simplistes.

Première, Thierry Chèze, 2021

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