Ali et Ava de Clio Barnard

Ce troisième long métrage de fiction écrit et réalisé par cette britannique, après Le géant égoïste et Dark River, a été sélection à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2021.

A nouveau, elle a tourné dans le Yorkshire, où elle a grandi.

Il s’agit d’une comédie romantique respectant avec brio toutes les règles du genre, mais « à l’anglaise », puisque très ancrée dans le contexte social de cette petite ville de Bradford. Cette ville, située dans le Nord Est de l’Angleterre occupe d’ailleurs une place à part dans le film. “Ce sont les gens et l’esprit des gens qui viennent de là-bas qui m’ont donné envie d’y retourner après The Selfish Giant.”

Les deux personnages et leur entourage sont écrits avec précision, à la fois ancrés dans leurs communautés (d’origine irlandaise pour Ava, pakistanaise pour Ali) et en même temps universels, puisque la référence au film de Rainer Werner Fassbinder Tous les autres s’appellent Ali, dont elle s’est librement inspirée, est assumée par Clio Barnard dans le titre.

La réalisatrice situe l’origine de son film sur ses tournages précédents qui lui ont fait connaître « ces deux personnes [qui] sont vraiment l’inspiration du film. J’ai été marquée par leur générosité et le soutien qui les unissait. Je voulais le célébrer et le porter à l’écran“.

Mais un autre personnage important du film est la bande son, puisque la musique, en plus de la petite Sofia, est le déclencheur du rapprochement de ces deux blessés de la vie. La mise en scène fait ainsi passer le son de leurs casques à nos oreilles, nous incluant dans leur intimité.

Même si le sujet a déjà été abordé au cinéma, son traitement, la densité des personnages, leur différence d’âge, que l’on voit encore peu dans ce sens-là, permettent de renouveler le genre et de rendre cette histoire touchante.

Sophie Rakotomalala