Soirée Simon Panay (Si tu es un homme – Ici personne ne meurt)

Dans le cadre de La Quinzaine du Bénin du 24 avril au 5 mai 2023
L’Autre cinéma en partenariat avec les associations
Villefranche – Kandi et Amnesty Villefranche
propose une projection-débat en présence du réalisateur Simon Panay
mercredi 26 avril à 20h au cinéma les 400 coups
Si tu es un homme de Simon Panay
(France-Burkina Faso /2023 / 1h15/ documentaire)
Précédé du court-métrage :
Ici personne ne meurt de Simon Panay (France / 2016 / 23 min /documentaire tourné au Bénin)

Simon Panay était venu au cinéma Les 400 Coups en novembre 2022 pour présenter son documentaire Si tu es un homme, tourné au Burkina Faso, sélectionné pour le jury adultes et le jury lycéen dans le cadre des 27èmes Rencontres du cinéma francophone en Beaujolais et Val de Saône. Il revient le 26 avril 2023 pour présenter et débattre autour de Si tu es un homme sorti en salles en mars 2023, dans le cadre cette fois-ci de la quinzaine du Bénin orchestrée par l’association de jumelage entre Villefranche/Saône et Kandi au Bénin. La projection de Si tu es un homme sera précédé d’un de ses courts-métrages Ici personne ne meurt tourné au Bénin.

Simon Panay a réalisé quatre court-métrages documentaires en Afrique de l’Ouest. Il a reçu en 2014 le Prix du Jeune talent de l’année de l’ARP (société civile dés Auteurs Réalisateurs Producteurs) et en 2018 la Bourse Documentaire de la Fondation Jean-Luc Lagardère. Son dernier court-métrage Ici, Personne ne Meurt, tourné dans une mine illégale du Bénin en 2016 a été projeté dans 71 pays et a remporté 133 prix en festivals.

Son premier long-métrage Si tu es un homme tourné en 2018 au Burkina Faso, continue d’explorer le monde des mines d’or.

« Fils de vignerons, j’ai d’abord appris à faire des films avec mes frères et une petite caméra mini dv…C’est en Afrique de l’Ouest que j’expérimente par le biais du documentaire, trouvant peu à peu au gré des films mon langage cinématographique et me créant un ancrage profond avec le Burkina Faso. Lauréat de la Bourse Documentaire de la Fondation Jean-Luc Lagardère et de l’Aide au Parcours d’Auteur du CNC, je développe désormais plusieurs projets de fiction en Afrique de l’Ouest en poursuivant ma plongée dans le monde fascinant des mines d’or artisanales ». Simon Panay

Si tu es un homme

Documentaire réalisé par Simon Panay • Écrit par Simon Panay- France • 2022 • 74 minutes • HD • Couleur

Ecriture, images et réalisation : Simon Panay

Son : Souleymane Drabo

Montage : Thomas Marchand, Simon Panay

Musique originale : Philippe Fivet

Synopsis : mine d’or de Perkoa au Burkina-Faso. Opio a 13 ans et passe ses journées parmi ceux qui rêvent de trouver la pépite qui changera leur vie. Lui ne descend pas dans les galeries, il est trop jeune pour cela et le monde souterrain l’effraie. Mais il travaille déjà à la force de ses bras, au treuil manuel qui remonte à la surface mineurs et chargements de cailloux à casser pour en extraire l’or.

Chaque mois, son patron le rémunère avec un sac de cailloux tirés de la mine. À chaque sac la même excitation et le même espoir de richesse, toujours déçu par un maigre butin. Avec le temps, son équipe de travail est devenue sa nouvelle famille et il ne rentre au village qu’une fois par mois.

Pour lui assurer un avenir, son père souhaiterait qu’il intègre une formation professionnelle dans la ville voisine de Réo, sans pour autant pouvoir payer les frais de scolarité. C’est à Opio que reviendra la tâche de réunir cet argent et pour cela, le seul moyen sera de demander à son patron une promotion : le droit de descendre dans ces galeries souterraines qui l’effrayent tant.

Sélections et distinctions

  • 2023 • Maghreb si loin… si proche • Argelès sur Mer (France) • Sélection officielle

  • 2022 • États généraux du film documentaire • Lussas (France) • Sélection “Expériences du Regard”

  • 2022 • Au Cinéma Pour les Droits Humains – Le Festival Cinéma d’Amnesty International • Marseille (France) • Sélection officielle

  • 2022 • DOK.fest München • Munich (Allemagne) • Sélection officielle – Première mondiale

  • 2022 • Lumières d’Afrique • Besançon (France) • Compétition Documentaires longs

  • 2022 27èmes Rencontres du cinéma francophone en Beaujolais Villefranche sur Saône – compétition

  • Sortie en salle : mars 2023

Ici, personne ne meurt

  • Titre anglais : Nobody Dies Here

  • Documentaire écrit et réalisé par Simon Panay 

  • France • 2016 • 23 minutes • HD • Couleur

Nobody Dies Here est un court métrage documentaire français de 2016 réalisé par Simon Panay. Le film a été présenté en première mondiale au 20e Festival international du film de Rhode Island où il a remporté le premier prix du jury du meilleur documentaire. Le film parle d’une mine d’or illégale au nord du Bénin.

Mine d’or de Perma, Bénin. Il y a ceux qui rêvent de trouver et ceux qui se sont rendu compte qu’il n’y avait rien à trouver. Il y a ceux qui creusent dans l’espoir de devenir riches et ceux qui sont morts en pensant devenir riches. Et puis il y a les autres qui disent qu’ici, personne ne meurt.

Perma est l’un des neuf arrondissements de la commune de Natitingou dans le département de l’Atacora au Bénin. L’arrondissement de Perma est situé au nord-ouest du Bénin et compte 9 villages que sont Koka, Kouatena, Koubirgou, Perma, Koupeico, Koussigou, Pam-pam, Sinaicire et Tignapeti.

Sélections et distinctions

  • 2017 • Un poing c’est court – Festival du Film Court Francophone Vaulx-en-Velin • Vaulx-en-Velin (France) • Sélection

  • 2017 • Vues d’Afrique • Montréal (Canada) • Section Documentaire International – Prix du meilleur moyen et court métrage

  • 2016 • Festival National du Film de Tanger • Tanger (Maroc) • Prix du Jury

  • 2016 • Festival du film documentaire de Saint-Louis • Saint Louis (Sénégal) • Sélection officielle – Courts Métrages

  • 2016 • Lumières d’Afrique • Besançon (France) • Prix pour le documentaire court métrage & Prix du public

  • 2016 • RIIFF (Rhode Island international film festival) • Newport (États-Unis) • Meilleur Documentaire (Premier Prix du Jury)

SI TU ES UN HOMME – CRITIQUE DU FILM

C’est le 5e film documentaire que Simon Panay tourne en Afrique occidentale. Ce premier long métrage met en lumière dix ans de travail et un regard qui ne cesse d’explorer les mystères d’un continent si proche et si lointain. Après le Bénin pour Ici, personne ne meurt qui prenait déjà pour cadre une mine d’or, le réalisateur a posé sa caméra au Burkina Faso. Si tu es un homme aborde, à travers le portrait d’un adolescent, la question du travail des enfants et de l’accès à l’éducation. Sans juger ni dramatiser, le film saisit une réalité alarmante tout en se nourrissant de l’inépuisable énergie de son orpailleur en herbe.

MARCHAND DE CAILLOUX

Opio avance, montre la voie et la caméra le suit. Deux ans de la vie de ce gamin, où tout se joue pour lui, résumées en 80 minutes, dures, denses et décisives. Lui et ses camarades habitent le territoire d’une mine artisanale, à la fois terrain de jeu et cour des grands, où côtoyer les adultes chasseurs de pépites. De quoi aussi prêter main forte et gagner quelques cailloux à gratter dans l’espoir d’y trouver de la poussière d’or. Il rejoint sa famille, son père, ses deux femmes et leurs 5 enfants, une fois par semaine. Nous apprenons qu’il a quitté le foyer soucieux de soustraire une bouche à nourrir à ses parents pauvres. Mais Opio voudrait reprendre le chemin de l’école, apprendre à lire, à écrire et suivre une formation qualifiante. Son père l’encourage mais ne peut subvenir aux frais d’inscription (35 000 francs CFA avec les équipements, soit 53 euros). Pour le garçon, la solution se trouve au fond de la mine.

DOUBLE EXTRACTION

Il y a, dans le mouvement incessant d’Opio, la volonté de trouver la clé. Simon Panay filme une double extraction, sociale et minière. Descendre attaché à une corde pour monter dans l’ascenseur social. Descendre, c’est se confronter aux grandes peurs et forcer sa chance. C’est accentuer sa vulnérabilité et espérer gratter le bon cailloux. Opio arpente les boyaux de la terre comme on achète un billet de tombola. « Tu cherches un fantôme ? » lui demande son père qui trouve que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Mais Opio y retourne, torche fixé au crâne, la mine exerce une attraction addictive. Oubliée la petite frousse de la première descente qui lui redessinait les traits de l’enfance, oubliée la chanson qu’il entonnait pour se donner du courage. Un seul objectif, une obsession : remonter assez d’or pour retourner sur les bancs de l’école.

La caméra colle à Opio, jour et nuit, dans un mouvement que le garçon lui-même, semble commander. Descente, extraction, remontée, concassage et examen fébrile de la poussière de roche, au mieux quelques grammes délicatement déposés dans un sachet puis âprement négociés. Cet investissement ne pouvait être trahi par le réalisateur qui, en dépit des risques encourus, a choisi d’accompagner Opio jusque dans les boyaux de la mine. La fascination qu’exerce Opio sur le réalisateur est aussi puissante que celle que produit la mine sur lui-même. Avec son t-shirt jaune, son regard concentré et sa rare rage de réussir, Simon Panay a trouvé sa pépite.

Le cinéma documentaire est précieux quand il embrasse le particulier et le collectif, digne quand il raconte sans asséner, honnête quand il accompagne sans arbitrer. Au moment de quitter Opio, difficile de ne pas repenser, la gorge nouée, aux premiers vers du célèbre poème de Kipling, If, auquel le titre du film renvoie indirectement : « Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir, ou perdre en un seul coup le gain de cent parties, sans un geste et sans un soupir »

François-Xavier Thuaud (Le bleu du miroir – Reflets cinématographiques)

BANDE-ANNONCE