C’est le récit d’une rupture qui s’étale sur plusieurs mois. Pialat aimait le résumer ainsi ” …l’histoire d’un type qui fait chier une fille et qui le quitte….”
C’est l’œuvre la plus autobiographique de Pialat, où il a mis beaucoup de lui-même sans fard et sans tendresse , il fait de son personnage un mufle et un goujat.
Il veut de l’authentique, les lettres qu’il a reçu d’une ex- amoureuse (son prénom), l’hôtel avec les papiers peints refaits à l’identique …
Il voit en Jean Yanne un alter ego aussi bien physiquement que psychologiquement ce qui n’est pas du goût de ce dernier furieux d’être assimilé à ce “masochiste”. Le tournage est houleux .Les insultes que profère Jean Yanne à l’encontre de Pialat ont dû être méticuleusement effacées lors du montage par Arlette Langman par ailleurs compagne de Pialat et co- scénariste sur le film.
Alors pourquoi un tel succès à sa sortie ( Jean Yanne obtiendra le prix d’interprétation à Cannes)? Sans doute dû au fait que les spectateurs se sont reconnus plus ou moins dans cette auto-fiction , genre tout à fait nouveau, réaliste et romanesque à la fois, aux dialogues très écrits, aux intenses plans séquences des engueulades dans la voiture …
Alors pourquoi les féministes à l’époque ne se sont pas mobilisées contre ce film? Grâce à la mise en scène, je pense que la mysoginie (et faiblesse! ) de Jean au début du film s’inverse avec la montée en puissance ( et la force) de la rébellion chez Catherine ( merveilleuse Marlene Jobert) à la fin, et ça c’est du grand art!
Christine Poirier