Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pialat -1972-

SYNOPSIS: Jean, la quarantaine, est un éternel enfant doublé d’un cinéaste raté. Marié depuis de nombreuses années, il ne peut se résoudre à quitter sa femme pour sa jeune maitresse qu’il côtoie depuis six ans : Catherine. Pourtant amoureux de cette dernière, son comportement et leurs violentes disputes les éloignent un peu plus chaque jour. Jusqu’à ce que Catherine lui annonce son mariage avec un autre homme. Jean impuissant face à cette situation, n’a d’autre choix que de la voir sortir de sa vie…

C’est le récit d’une rupture qui s’étale sur plusieurs mois. Pialat aimait le résumer ainsi ” …l’histoire d’un type qui fait chier une fille et qui le quitte….”
C’est l’œuvre la plus autobiographique de Pialat, où il a mis beaucoup de lui-même sans fard et sans tendresse ,  il fait de son personnage un mufle et un goujat.
Il veut de l’authentique, les lettres qu’il a reçu d’une ex- amoureuse (son prénom), l’hôtel avec les papiers peints refaits à l’identique …
Il voit en Jean Yanne un alter ego aussi bien physiquement que psychologiquement ce qui n’est pas du goût  de ce dernier furieux d’être assimilé à ce “masochiste”. Le tournage est houleux .Les insultes que profère Jean Yanne à l’encontre de Pialat ont dû être méticuleusement effacées lors du montage par Arlette Langman par ailleurs compagne de Pialat et co- scénariste sur le film.
Alors pourquoi un tel succès à sa sortie ( Jean Yanne  obtiendra le prix d’interprétation à Cannes)?  Sans doute dû au fait que les spectateurs se sont reconnus plus ou moins dans cette auto-fiction , genre tout à fait nouveau, réaliste et romanesque à la fois, aux dialogues très écrits,  aux intenses plans séquences des engueulades dans la voiture …
Alors pourquoi les féministes à l’époque ne se sont pas mobilisées contre ce film?  Grâce à la mise en  scène,  je pense que la mysoginie (et faiblesse! )  de Jean au début du film s’inverse avec la montée en puissance ( et la force) de la rébellion  chez Catherine ( merveilleuse Marlene Jobert) à la fin, et ça c’est du grand art!
Christine Poirier

Ce film Cinécollection est programmé en séance unique le lundi 28 mars à 18h20 et sera présenté par Christine