Le 12 mai 2014, une photojournaliste de 26 ans, Camille Lepage, trouvait la mort en Centrafrique où elle couvrait les hostilités entre les anti-Balaka, en majorité catholiques et les Séléka au pouvoir, musulmans pour la plupart.
Boris Lojkine en a fait un film extrêmement touchant avec le concours de la comédienne Nina Meurisse, extraordinaire de spontanéité, de simplicité et de naturel, et l’aide de la famille de Camille Lepage.
Le réalisateur filme le personnage de Camille au plus près, de sorte que le spectateur se sent réellement à la place de la jeune femme, tous les sens en éveil dans une empathie qui l’habite tout au long du film.
Le tournage a été effectué à Bangui et à Angers où Boris Lojkine a reçu, en 2015, le prix du public au festival Premiers Plans pour son très beau film « Hope » que nous avons pu voir au « 400 Coups ».
Dans « Camille », le photographe Michael Zumstein joue son propre rôle. La mort de Camille reste hors champ. Le réalisateur s’en explique : « On raconte la vie de Camille sans empiéter sur le travail de la justice toujours en cours ».
Sur une route poussiéreuse, à l’arrière d’un 4×4 et couverts d’une bâche, sont ballotés des corps inanimés dont on aperçoit les pieds. Deux d’entre eux, vision insolite, à la peau blanche et aux ongles vernis de rose, côtoient ceux à la peau brune de ses compagnons, symbolisant le combat courageux de cette jeune femme volontaire, passionnée et pétrie d’humanité.
Annie Jugie