Dans quelle catégorie de films classer Atarrabi et Mikelats? Un conte? Une allégorie?
Eugène Green s’est inspiré de la mythologie basque pour raconter l’histoire de ces jumeaux dont la mère confie l’éducation au diable. Mikelats en deviendra le fidèle disciple. Pour Atarrabi il en ira tout autrement…
On peut s’étonner qu’un cinéaste s’intéresse à une légende si farfelue, dont Green est non seulement le réalisateur, mais le scénariste et le dialoguiste. Goût de l’étrange? Morale pour notre temps à travers une parabole? On voit que le film, sous son aspect divertissant, pose beaucoup de questions. Certains détracteurs de Green lui reprochent le mystère de son intrigue, l’obscurité de son propos. On en jugera en gardant à l’esprit que l’auteur est avant tout un poète.
Mais le film n’est en aucune façon ce qu’il est convenu d’appeler une œuvre « difficile ». On fait le pari qu’un enfant peut s’y intéresser. Ajoutons que le phrasé baroque que Green, comme dans tous ses films, prête à ses comédiens, ravira ceux d’entre nous qui déplorent les borborygmes qu’émettent tant d’acteurs aujourd’hui en guise de parler « réaliste ».
Si vous n’avez pas déjà fait connaissance avec l’œuvre cinématographique de Green, qui est aussi metteur en scène de théâtre et d’opéra, romancier, essayiste, comédien, …poète. Si vos n’avez vu ni le Pont des arts, ni la Religieuse portugaise, ni la Sapienza, apprêtez-vous aller faire une découverte.
Bientôt sur nos écrans. Attention: pas pour longtemps.
Guy Reynaud
Ce film sera présenté par Guy le vendredi 22 avril à 20 heures au cinéma Les 400 Coups.
Mythe d’Atarrabi et Mikelats
Culture basque
Eugène Green voulait absolument faire le film en basque, dans le but d’aider les Basques à se réapproprier leur culture, malmenée au sud par le franquisme (la langue basque était totalement interdite pendant la dictature de Franco) et au nord par le jacobinisme (qui avait un programme d’extermination de toute langue autre que le français sur le territoire national). Il précise : « La langue basque est divisée en dialectes, et dans les années 1960, au début de la sortie du franquisme, l’Académie Basque a œuvré à l’édification d’un basque unifié, qui serait la base d’un basque littéraire, compris par tous les Basques. Ils l’ont fondé sur le gipuzkoan. Et depuis, tous les écrivains écrivent en euskara batua, que nous avons utilisé dans le film. »