à partir du 13/03 La nouvelle femme de Léa Todorov

La nouvelle femme de Léa Todorov

 

France/Italie – drame/historique – 1h41 – -sortie : 13/03/24 – scénarion : Léa Tododrov – avec >Jasmina Trinca, Leïla Bekhti, Raphaëlle Sonneville-Caby.

Synopsis : en 1900, Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne, a un secret honteux : sa fille Tina, née avec un handicap. Peu disposée à s’occuper d’une enfant qui menace sa carrière, elle décide de quitter Paris pour Rome. Elle y fait la connaissance de Maria Montessori, une femme médecin qui développe une méthode d’apprentissage révolutionnaire pour les enfants qu’on appelle alors « déficients ». Mais Maria cache elle aussi un secret : un enfant né hors mariage. Ensemble, les deux femmes vont s’entraider pour gagner leur place dans ce monde d’hommes et écrire l’Histoire.

ENTRETIEN AVEC LÉA TODOROV

Comment avez-vous découvert le personnage et le travail de Maria Montessori ?

« Il y a des années, j’ai passé quatre ans à travailler sur un documentaire sur les pédagogies alternatives dans l’entre-deux guerres (Révolution École, écrit par Joanna Grudzinska, Léa Todorov, François Prodromi- dès et Laurent Roth). Je m’étais donc documentée sur Maria Montessori, qui était la star et la diva- de l’éducation nouvelle à cette époque. Sa vie est compliquée et passionnante. Entre 1922 et 1932, rappelée en Italie par le ministre de l’Éducation fasciste pour transformer en profondeur le système éducatif italien en vue de fabriquer l’Homme Nouveau, elle avait trouvé dans le fascisme une opportunité de répandre sa méthode. Mais ce qui avait aussi retenu mon attention, c’était le fait qu’elle ait dû abandonner son enfant pour devenir la « femme qu’elle a été. »

Pourquoi avez-vous décidé de vous concentrer sur cette période précoce de la carrière de Montessori où elle travaillait avec des enfants « déficients », comme on les appelait à l’époque ?

Cela a mis du temps… Comme je le disais, j’avais l’intuition que le moment le plus intéressant de la biographie de Maria était ce moment de l’abandon de son fils. Or à cette époque, elle n’avait pas encore créé d’école pour les enfants neurotypiques. Elle travail- lait dans cet institut ortho phrénique avec des enfants appelés « idiots » ou « déficients », et c’est grâce à ces enfants aux besoins spécifiques qu’elle a expérimenté ce qui deviendra sa méthode. C’est à partir de ça qu’a émergé dans le scénario le personnage de Lili, cette mère qui a honte de son enfant différent, et que j’ai pu investir de mon propre sentiment d’échec quand, à la naissance de ma fille, j’ai réalisé que j’avais fait un bébé qui n’allait pas « fonctionner » normalement. L’écriture s’est ensuite développée à partir de cette histoire, et j’ai trouvé les ressorts dramaturgiques du film. »

 

Léa Todorov est née à Paris en 1982. Elle est autrice, réalisatrice et productrice. Après des études de sciences politiques à Paris, Vienne et Berlin, elle écrit et réalise desdocumentaires, Sauver l’humanité aux heures de bureau (2012) puis Utopie russe (2014)avec Joanna Dunis. En 2015, elle crée avec les réalisatrices Lila Pinell, Chloé Mahieu, Gaëlle Boucand et Aurélia Morali la société de production Elinka Films et co-produit deuxdocumentaires de Gaëlle Boucand. En 2016, elle co-écrit le documentaire Révolutionécole : l’éducation nouvelle entre les deux guerres, réalisé par Joanna Grudzinska et coproduit par Arte. Le film participe au festival international du film d’Histoire de Genève et au Film Festival de la Rochelle. Ce projet sur les pédagogies alternatives sera à l’origine de son 1er long-métrage de fiction La Nouvelle Femme (2023), lauréat Emergence 2021, sur l’une de ces pédagogues, la célèbre Maria Montessori.

FILMOGRAPHIE

2023 La nouvelle femme Produit par Grégoire Debailly (Geko Films) et Carlo Cresto-Dina (Tempesta). Résidence Emergence

2015 Utopie russe Coécrit et coréalisé avec Joanna Dunis

2012 Sauver l’humanité aux heures de bureau

L’avis d’un membre du groupe Programmation :

« Une fresque très élégante de l’Italie des années 1900 qui permet de découvrir la vie de Maria Montessori pendant ses années de formation et de maturation d’un projet totalement novateur pour susciter le développement intellectuel et cognitif des enfants porteurs d’une déficience et qu’on abandonnait jusqu’ici à leur sort …  A partir de là, s’organisera la “méthode Montessori” qui s’étendra à une pédagogie plus générale envers tous les enfants. C’est donc une période peu connue de la vie de Maria Montessori dont l’activité professionnelle se heurte aux préjugés machistes de son époque, même dans les milieux éduqués de la science et de la psychologie. L’interprétation des deux actrices principales est remarquable, et on appréciera Leila Bekhti dans le rôle d’une mère très émouvante à mesure qu’elle prend conscience de l’efficacité du travail de la pédagogue. Un beau film qui donne foi dans les capacités de l’enfant, mais aussi dans les pouvoirs de la femme malgré les obstacles à affronter : à la fois combattant par son féminisme et touchant par son humanité. A découvrir ! » Jean-Noël Berlioux

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