NEZOUH.

DE SOUDADE KAADAN (Syrie – Grande Bretagne – France) – 2023 / 1h43
avec: Kinda Aloush, Hala Zein, Samir Almasri

Synopsis: Au cœur du conflit syrien, Zeina, 14 ans, et ses parents sont parmi les derniers à encore vivre dans leur quartier assiégé de Damas. Lorsqu’un missile fait un trou béant dans leur maison, Zeina découvre une fenêtre qui ouvre sur un monde de possibilités inimaginables. Elle aime dormir à la belle étoile et se lie d’amitié avec Amer, un voisin de son âge. Quand la violence des combats s’intensifie, Zeina et ses parents sont poussés à partir, mais son père est déterminé à rester dans leur maison. Il refuse d’être un réfugié. Confrontées à un dilemme de vie ou de mort, Zeina et sa mère doivent prendre une décision.

« La réalisatrice Soudade Kaadan nous plonge dans la guerre de Syrie, au pays de ses ancêtres, lorsque les sbires d’Assad ont écrasé le dernier quartier insurgé de Damas.
Zeina vit dans les décombres avec sa mère et son père. Même lorsqu’un missile les frappe ,l’homme cache les trous dans les murs avec des draps colorés. Plus d’électricité, plus d’eau.
Les bombes grondent tout autour.
Leurs trésors? Un fond de sucre, quelques dattes.
Heureusement pour Zeina, Amer est là. Un garçon de son âge. Avec lui, elle change le béton lacéré en étoiles, écartelée entre une mère prête à fuir et un père qui refuse fièrement de porter  les hardes d’un réfugié.
Une merveille! » (Sorj Chalandon : le canard enchainé du 21 juin 2023)

Voilà un film comme on les aime , discret, subtil, fort … Petits moyens, grandes images… Des personnages attachants.

Christine Poirier

 

Nezouh», un peu d’espoir sous les ruines de Damas.

Avec cette tragicomédie sur une famille syrienne qui refuse de quitter son appartement sous les bombes, Soudade Kaadan tente d’arracher le film de guerre au registre lugubre.

Dans un quartier de Damas en état de siège, déserté par les habitants, une famille refuse d’abandonner son appartement et survit retranchée à huis clos, bientôt seule dans l’immeuble qu’un missile transforme en demi-ruine. «La maison va bien !» s’obstine à affirmer le patriarche en pure perte, s’acharnant à colmater les murs éventrés, récupérer l’irrécupérable sous le regard alarmé de sa femme et sa fille de 14 ans. Syrienne en exil, Soudade Kaadan a voulu rendre le film de guerre à la tendresse et à la cocasserie : ainsi filme-t-elle l‘optimisme à toute épreuve, la méthode Coué des fanatiques de l’espoir. Au-dessus de la tête de ses personnages, dans les trous béants qui transpercent le toit, elle fait entrer la lumière, les émois fleur bleue d’une romance adolescente sous les étoiles, des effets poétiques gentillets. Peu de films ont abordé le conflit syrien sous l’angle de la fiction jusqu’ici. On trouvera en Nezouh, tourné en Turquie, plus de cœur que de subtilités, et la fragilité des récits qui ouvrent la marche.

par Sandra Onana (Libération)