Mickey and the bear d’Annabelle Attanasio (USA 2019)

Ce film présenté par l’ACID à Cannes est le premier long métrage d’une réalisatrice de 26 ans ; cinéma indépendant, petit budget et vision d’une Amérique de la pauvreté et des drames qu’elle génère.

Mickey -qui préfère ce nom à celui de Vanessa et s’habille de jogging et baskets comme par sécurité – vit dans un mobil home avec la charge de son père, Hank, veuf et vétéran d’Irak que les traumatismes de la guerre ont rendu addict à l’oxycodone, un opiacé qui fait des ravages chez les déshérités. Sa relation à sa fille est pleine d’ambiguïtés.

L’ours, c’est cet homme à la fois tendre comme une peluche et dangereux comme l’animal sauvage, joué subtilement par James Badge Dale qui reconnaît : « J’étais effrayé par ce rôle de père ». L’actrice Camilla Morrone incarne avec éclat une jeune femme aimante, débordée par des hommes – outre son père, son petit copain Aron qui a programmé leur vie future ; son amour pour eux peut la perdre et le film est le récit de sa prise de conscience.

Pour Annabelle Attanasio, son héroïne représente une réponse féministe à tant de films où la femme est simplement objet ; « J’aurais bien aimé voir des œuvres qui me disent que le seul amour qu’une femme a vraiment besoin de trouver est l’amour de soi, et que tout le reste est un bonus. »

Le film qui parcourt des lieux – les montagnes du Montana chers au western – et des thèmes – la misère sociale- déjà visités par le cinéma, s’en distingue par une simplicité et une force remarquables : plans rapprochés sur Mickey qui parle et agit avec économie, plans fixes raccordés sans recherche d’effet ni pathos.
Pour survivre et échapper à l’irréparable, Mickey s’enfuit.

Evelyne Rogniat

 

Mickey, 18 ans à peine, vit avec son père dans une petite ville du Montana, dans un de ces mobil homes si présents dans le cinéma américain. Elle est l’adulte responsable de la famille, et se débat avec courage et intelligence face aux difficultés qui s’accumulent.

Pour ce premier film qu’elle écrit et réalise, la toute jeune comédienne Annabelle Attanasio nous attache au personnage principal remarquablement interprété par Camila Morrone. Nous la suivons avec beaucoup d’intérêt dans un récit décrivant dans une grande fluidité son évolution.
La caméra est souvent proche de son visage, qui exprime ses sentiments dans des relations souvent compliquées avec un entourage pas toujours bienveillant.

C’est un beau portrait, mais aussi, sans aucun didactisme, une plongée dans une société qui nous indique le poids que peut représenter le fait d’être « né quelque part ».

Sûrement la découverte d’une réalisatrice et d’une actrice.

Sophie Rakotomalala