Le film du réalisateur francotchadien Mahamat Saleh Haroun est sorti en décembre 2021, présenté au festival de Cannes en juin puis aux dernières Rencontres.
Les Quatre cents coups avait déjà projeté deux films de ce réalisateur, Daratt, une saison sèche ainsi que L’homme qui crie.
Lingui raconte l’histoire d’une femme qui élève seule sa fille de 15 ans et survit grâce à un petit artisanat à base de pneus démontés. Rejetée par sa famille qui n’a pas accepté sa situation de mère célibataire, elle est confrontée à la grossesse non désirée de sa fille dans une société patriarcale interdisant l’avortement.
La mise en scène de Lingui est très épurée, les décors naturels, les acteurs pour la plupart non professionnels et pourtant ce film ne ressemble pas à un documentaire misérabiliste sur les sociétés africaines patriarcales, ultrareligieuses.
Lingui évoque plutôt une fable autour d’une malédiction (grossesses non désirées) déjouée grâce aux solidarités féminines avec des personnages masculins stéréotypés comme les méchants d’un conte.
Lors d’une belle scène complexe, on assiste à des manifestations festives et joyeuses de femmes qui accompagnent l’excision d’une petite fille, excision qui sera falsifiée avec la complicité de la mère et de la tante de la fillette.
Lingui est un film optimiste dont les héroïnes témoignent une énergie bienfaisante.
Catherine François