L’EDUCATION D’ADEMOKA

Film  d’Adilkhan Yerzhanov (2022 -1h 29min / Drame, Comédie)

Avec: Adema Yerzhanova, Daniyar Alshinov, Bolat Kalymbetov

SYNOPSIS. La jeune Ademoka souhaite aller à l’école mais son statut de Lyuli – sorte de gitan d’Asie Centrale – la destine à la mendicité. Erkin, autrefois écrivain célèbre, aujourd’hui professeur insolite, vient d’être renvoyé de son école. Il va repérer le talent d’Ademoka et décide de la prendre sous son aile, en lui transmettant une éducation.

De ce cinéaste Kazakh, j’avais aimé la poésie dans un contexte de cruelle réalité dans « La tendre indifférence du monde » (2018).

Dans ce film de 2002, dans l’immensité du désert, des fonctionnaires qui s’ennuient profondément installent une frontière provisoire (un portique et un bureau) pour arrêter les réfugiés.

La jeune Adémoka, cheveux rouges, chapeau de paille, silhouette disgracieuse : un personnage qui aurait sa place dans un dessin animé.

Adémoka est une réfugiée Tadjik.

Armée de son carnet de croquis qu’elle dit « prometteurs », elle ère aux abords de la frontière.

Elle veut avoir une éducation qui lui est refusée par les ridicules et corrompus représentants du pays.

Des plans larges magnifiques où se découpe la silhouette d’Adémoka. Un monde cruel tempéré par la dimension burlesque apportée par l’humour du réalisateur. L’enfant mendie sous la férule d’un minable maffieux local.

Dans cet univers qui refuse le souhait d’Adémoka, l’humour allège la noirceur ambiante.

C’est un ex-prof chassé de l’Université, alcoolique et minable, qui accepte de guider Adémoka dans ses lectures pour apprendre à réfléchir. Désormais, dans le no man’s land, l’enfant déambule en compagnie de Cervantes, de Dante, de Shakespeare. Dans le monde universitaire la littérature n’a pas sa place.

Un cinéaste qui a son propre univers, sa critique de la société et surtout un humour efficace dans un pays où tout espoir est absent. Un cinéaste à mieux connaître.

Odile Dumoulin Orsini.

Un parti-pris de l’étrangeté, un humour fondé sur l’absurde (on navigue entre Tati et Buster Keaton),
des images étonnantes (artères vides, immeubles inhabités, …), un leit-motiv musical obsédant : ça ne ressemble pas à ce qu’on voit généralement !!!
Ademoka passe une frontière, intègre une “école d’élite”. Émigrée sans papier, condamnée à la
mendicité de par son statut “d’apartheid”, elle va recevoir l’éducation grâce à un ex-prof alcoolique et filou, lui aussi marginal, qui lui permet d’intégrer l’université pour être dramaturge. C’est une satire du monde ex-socialiste d’ Asie Centrale avec corruption, arbitraire, folie douce, mais qui s’achève sur une note optimiste !
Texte Jean-Noël BERLIOUX