du 14 au 27/02/24 L’homme d’argile d’Anaïs Tellenne

L’homme d’argile  1er long-métrage d’Anaïs Tellenne

France – 1h34 – drame/romance – sortie : 24/01/24 –

scénario : Anaïs Tellenne –

Avec Emmanuelle Devos, Raphaël Thiery, Pireille Pitot.

 

Synopsis : Raphaël n’a qu’un œil. Il est le gardien d’un manoir dans lequel plus personne ne vit. À presque 60 ans, il habite avec sa mère un petit pavillon situé à l’entrée du grand domaine bourgeois. Entre la chasse aux taupes, la cornemuse et les tours dans le Kangoo de la postière, les jours se suivent et se ressemblent. Par une nuit d’orage, Garance, l’héritière, revient dans la demeure familiale. Plus rien ne sera plus jamais pareil.

Entretien avec la réalisatrice

Pour concevoir cet univers, aviez-vous des références picturales ?

« Avec le chef opérateur, Pierre Mazoyer, nous avons énormément travaillé en amont. Je passe beaucoup de temps dans les musées. L’art pictural est ma principale source d’inspiration. Je peux rester des heures à contempler un tableau, ses couleurs, sa texture, ses matières, si bien qu’il peut être désagréable de s’y rendre avec moi. Pour L’Homme d’Argile j’étais très inspirée par Paula Rego, Nikolaï Astrup et Munch. L’idée c’était de créer un univers à la fois naïf et inquiétant. Pour l’image, je voulais aussi que la plongée dans le regard du personnage de Raphaël dépasse le récit et soit aussi empirique. Lorsque vous ne voyez qu’avec un seul œil, il n’y a presque aucune profondeur de champ. Tout est beaucoup plus plat, ça ressemble à de la 2D avec un angle mort. J’avais le désir d’explorer par l’image toutes ces contraintes afin de faire converger l’univers du conte et celui du regard borgne ».

 

Peut-on dire qu’il s’agit d’un conte musical tant la musique est omniprésente ?

« La cornemuse appartient pleinement à Raphaël qui est un personnage taiseux. J’ai imaginé que la cornemuse était une prolongation de son corps. Tout ce qu’il peine à exprimer, il ne le dira pas avec des mots mais avec des notes. Dès l’écriture du scénario, j’ai proposé à Raphaël de composer lui-même ces lignes de « monologue mélodique ». C’était un exercice formidable que d’intégrer dès l’écriture la musique, qu’elle ait la place, elle aussi, de faire récit. Et puis, il y a aussi de la variété. À mon adolescence j’étais très solitaire et ma meilleure amie était Radio Nostalgie. En décalage avec ma génération, je chérissais toutes ces chanteuses et ces chanteurs d’autrefois. Je ne pouvais pas faire un premier film sans rendre hommage à la variété. En ce qui concerne la bande originale, j’ai proposé à Amaury Chabauty de composer quelque chose comme dans Il était une fois dans l’Ouest. Nous avons monté le film avec Héloïse Pelloquet en même temps qu’Amaury Chabauty créait la musique. Nous voulions construire une partition dramaturgique, sortir de l’habituel «scoring» accompagnant l’action en choisissant grâce à la musique de rendre presque palpable les méandres intérieurs de Raphaël. »

Les avis de membres du Groupe Programmation :

L’intérêt du film tient aux liens qui s’établissent entre les deux personnages, liens complexes et contradictoires. La confiance mais en même temps les ruptures, l’homme du peuple et la bourgeoise, le rapport au physique « monstrueux » vécu par l’homme au quotidien et vu et pensé comme esthétique par l’artiste…La réalisatrice dit avoir voulu faire un conte et c’est, je trouve, au fil du film une idée qui se justifie. Les codes en sont brouillés voir inversés mais présents. Gilles Cavatorta

A ne pas manquer ! ….surtout pour la prestation de l’homme d’argile Raphaël Thierry ( découvert par Alain Guiraudie dans “Rester vertical”) 
La relation très forte entre le modèle et la sculptrice -essentielle à l’oeuvre-  me fait penser à  la fidélité de la sculptrice Germaine Richier envers son célèbre modèle Antonio Nardone dont le physique n’est pas sans nous rappeler le Raphaël du film“. Christine Poirier

Anaïs TELLENNE

Anaïs Tellenne est scénariste et réalisatrice. Danseuse et comédienne de formation, elle a commencé sa carrière comme actrice de cinéma, de télévision et de théâtre. C’est en travaillant sur ces différents plateaux qu’elle développe un vif intérêt pour l’écriture et la réalisation. En 2016, elle écrit et réalise son premier court-métrage 19 JUIN (France 2). En constituant le casting de ce film elle rencontre Raphaël Thiéry, à qui elle confie le rôle principal de son deuxième court métrage LE MAL BLEU (Arte), coréalisé avec Zoran Boukherma.

Après le tournage de son dernier court métrage MODERN JAZZ (France 2), elle est retenue à la sélection annuelle du Groupe Ouest, où elle écrit le scénario de son premier long métrage L’HOMME D’ARGILE, qu’elle tourne un an et demi plus tard en Bourgogne avec Raphaël Thiéry et Emmanuelle Devos dans les rôles principaux.

Parallèlement, depuis 2020, Anaïs est coscénariste de Louise Hémon pour son long métrage L’ENGLOUTIE (2022), Bourse écriture Beaumarchais, Prix du scénario.

En 2024, en parallèle de l’écriture de son deuxième long métrage français, Anaïs réalisera un film aux États-Unis, LES INDÉPENDANTS, biopic sur la peintre impressionniste Mary Cassatt.

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