Film de HOWARD HAWKS (USA / 1946 / 1h42)
Avec: Cary Grant, Katharine Hepburn, Charles Ruggles
Synopsis: David Huxley, un paléontologue, est fiancé à sa secrétaire Alice. Susan, rencontrée lors d’une partie de golf, est également sensible au charme félin de David. Hélas, M. Bébé ne quitte pas la jeune femme d’une semelle. Enfin, d’une patte, car M. Bébé est un léopard…
Un feu d’artifices de dialogues savoureux et de quiproquos mené tambour battant par l’irrésistible duo Cary Grant/Katharine Hepburn. Hawks imagine la rencontre entre deux mondes que tout oppose, dans un spectacle qui fait la part belle à un personnage féminin émancipé, furieusement moderne pour l’époque.
Référence de screwball comedy, L’Impossible monsieur Bébé est un tourbillon de loufoquerie et d’extravagances, un écrin étincelant qui abrite le jeu explosif du duo Grant/Hepburn. Les deux stars se complètent à merveille, inventent certaines scènes, Katharine Hepburn trouve un rôle sur mesure en femme indépendante et volontaire, Cary Grant est désopilant d’innocence et de second degré. Hawks joue avec l’image du couple, se surpasse dans ses trouvailles visuelles, imprime à son scénario aux dialogues enlevés un rythme endiablé. Un film étourdissant, entraînant, vivifiant. Brillant et délicieusement farfelu. Un mètre-étalon de la comédie américaine. (La Cinémathèque)
Article écrit par Lucile Marfaing (Il était une fois le cinéma)

D´une excentricité délicieuse, « L´Impossible Monsieur Bébé » contient à chaque plan des pépites d´humour et d´esprit créées par une mise en scène soigneusement orchestrée derrière sa grande liberté créative.


Héritière farfelue et paléontologue haut perché : un couple symétriqueUn ensemble de travellings et de raccords précis accompagnent les scènes jamais essoufflées de cette œuvre loufoque, ainsi que le couple vecteur de tous ces dérapages : Katharine Hepburn qui jouera de nouveau une riche héritière dans Indiscrétions (Georges Cukor, 1940) et Cary Grant (qui sera également dans le film de Cukor) constituent à eux deux le formidable épicentre provoquant les secousses braques du long métrage. Si au premier abord, le personnage de David semble subir un peu malgré lui l’insistance d’une Susan déchaînée – bien moins écervelée qu’elle n’y paraît –, les deux apparaissent progressivement comme un couple symétrique, une paire dont la vitalité et le retentissement naissent de leur alchimie, tant l’équilibre comique tient de la réponse de l’un à l’autre, de leur dynamique commune, étrange duo à la Laurel et Hardy. C’est que, littéralement, l’un est le miroir de l’autre : lorsqu’ils courent à la recherche du chien George de la même manière l’un derrière l’autre, se faisant même écho (relevé par David qui ne manquera pas de signaler à Susan qu’elle l’imite), quand, au début du film, le paléontologue se colle derrière celle-ci afin de cacher sa culotte, dans une attitude sous-entendue amusante ; ils chutent l’un après l’autre, au téléphone, dans l’eau, au sol, déclencheurs maladroits et plus ou moins conscients des péripéties du film. « Vous dites tout ce qui vous passe par la tête, sans m’en avertir », reprochera David à l’imaginative et imprévisible Susan. C’est un peu cette sensation jubilatoire que l’on a en regardant L’Impossible Monsieur Bébé, jusqu’au bout emmenés dans de nouveaux rebondissements scéniques extravagants ; avec ce réjouissant état de fait livré par un psychologue à la petite semaine, et qui pourrait servir de belle maxime au film : « On peut être bizarre sans être fou. »